Par le cinéma, on découvre des villes. Certaines d’entre elles, nous ne les visiterons peut-être jamais. Pourtant, même sans les avoir vues, ces villes existent d’abord et se développent dans notre imaginaire grâce au cinéma. Pensez au New York de Woody Allen, au Paris de Jean-Pierre Jeunet, au Madrid de Almodovar ou encore au Hong Kong de Wong Kar Wai.

Le film de Michael Curtiz, qui a fêté en 2022 ses 80 ans, a fait entrer Casablanca dans la légende. Celle d’une ville mythique, glamour, cosmopolite, romantique et érotique… une image dont elle aura bien du mal à se défaire dans les quelques 120 films qui suivront et qui auront pour lieu de tournage ou d’intrigue Casablanca. Avec le film de Curtiz, la ville de Casablanca entre dans la légende, oui, mais sur un grand malentendu. En effet, ce film ne développe pas une histoire « marocaine », n’y a pas été tourné et la ville n’y est d’ailleurs présente qu’à travers un décor de carton-pâte et quelques silhouettes lointaines de Marocains en djellaba.

Si l’histoire entre Casablanca et le cinéma est ambiguë, l’histoire est pourtant ancienne. Dès les années 20, les salles se multiplient dans la ville. Salles polyvalentes ou véritables cinémas-monuments tels le Rialto ou le Vox, elles seront plus de 60 dans la ville au coeur des années 50.

Longtemps, les réalisateurs marocains auront du mal à s’approprier l’image de la ville en rupture avec le film originel de 1942. Casablanca sera souvent envisagée comme un objet de désir, d’attraction, la ville où tout est possible notamment pour les ruraux venant s’égarer dans ses rues hostiles et mangeuses d’hommes. Elle permet alors aux réalisateurs marocains d’établir un diagnostic sur les travers de la société marocaine contemporaine, alors qu’elle est dans le même temps considérée comme la moins marocaine des villes du Royaume.

Partons ensemble avec CitizOn à la découverte des plus beaux cinémas de la ville mais aussi des lieux de tournage et des images de Casablanca dans le cinéma local et international.