
Visiter Casablanca autrement : Découvrir une ville au-delà des clichés
Visiter Casablanca, cela vaut-il vraiment la peine ? La réponse est un oui retentissant, surtout si l’on prend le temps de dépasser les clichés et de plonger dans son authenticité. Avec des circuits traditionnels, la ville offre une expérience marocaine différente, à mi-chemin entre tradition et modernité.
Aller au-delà des préjugés
Casablanca, souvent perçue comme la capitale économique du Maroc, est parfois réduite à une simple ville industrielle, moderne.
Contrairement aux cités impériales comme Marrakech, Tanger ou Agadir, elle ne bénéficie pas du même prestige touristique, et nombreux sont les voyageurs qui n’y font qu’une courte halte avant de filer vers d’autres destinations. Pourtant, derrière cette image de métropole affairée se cache une cité riche d’histoire, de culture et de trésors méconnus. Entre son héritage architectural unique, ses quartiers animés et ses recoins insoupçonnés, Casablanca révèle une âme bien plus profonde qu’il n’y paraît.
Connaissez-vous l’histoire de Casablanca ?
Bien avant de devenir la métropole moderne d’aujourd’hui, Casablanca portait déjà les traces d’une histoire millénaire. Dès le Paléolithique inférieur (-200 000 ans), des populations occupaient le site, comme en témoignent les découvertes archéologiques de Sidi Abderrahmane. La ville prend véritablement forme au Xe siècle sous le nom berbère d’Anfa, capitale des Berghwatas, une principauté zénète adepte d’un islam kharijite qui résista aux dynasties régnantes jusqu’à sa destruction par les Almoravides en 1068. Après trois siècles d’abandon, le site renaît comme repaire de pirates avant d’être rasé par les Portugais en 1468. Ces derniers y établissent plus tard une prison, dont il reste une gravure de 1572 – première représentation connue de la ville.
La véritable renaissance intervient au XVIIIe siècle sous le sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah, qui reconstruit la médina fortifiée avec sa sqala, ses mosquées et ses remparts. C’est sous le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah que la ville devient « Dar Al Beida » ou « Casablanca ». Mais c’est au XXe siècle que Casablanca connaît sa métamorphose la plus spectaculaire : sous le protectorat français, la ville explose hors de ses murailles pour devenir un laboratoire architectural unique. Des grands noms comme Marius Boyer ou Edmond Brion y expérimentent tous les styles (art déco, néo-mauresque, Bauhaus), faisant de la ville un véritable musée à ciel ouvert de l’architecture moderne. De la préhistoire aux gratte-ciel, Casablanca est bien plus qu’un centre économique : c’est une ville où chaque époque a laissé sa trace.

L’ancienne médina : trois lieux sacrés, une seule mémoire
Parmi les trésors cachés de Casablanca, certains lieux échappent aux regards pressés, mais racontent pourtant l’essentiel.
Dans l’ancienne médina de Casablanca, au détour d’une ruelle étroite, derrière les murs épais de la Sqala, se cache un coin de Casablanca où le temps semble s’être arrêté. Ce lieu, souvent ignoré des guides touristiques, est pourtant l’un des plus fascinants de la ville. À quelques encablures seulement les uns des autres, trois édifices sacrés forment un exceptionnel condensé de l’histoire plurielle de Casablanca :
En premier lieux, La Synagogue Beth-El érigée en 1920, est l’une des plus emblématiques encore visibles dans le centre historique. Située non loin de l’ancienne médina, elle témoigne de la forte présence de la communauté juive marocaine qui a longtemps cohabité pacifiquement avec les autres communautés religieuses. Son intérieur raffiné, orné de vitraux colorés et de bois sculptés, attire aujourd’hui les visiteurs curieux de découvrir un pan souvent méconnu du patrimoine spirituel de la ville.
Puis, À proximité, se cache la Mosquée Ould El Hamra, discrète mais chargée de sens. Typique de l’architecture religieuse précoloniale marocaine, elle se fond harmonieusement dans le tissu urbain ancien. Bien que moins imposante que la grande Mosquée Hassan II, elle incarne l’identité spirituelle de Casablanca avant l’ère moderne et reste un lieu de recueillement pour les habitants du quartier.
En outre, dominant les environs avec son style art déco unique, l’Église du Sacré-Cœur, construite en 1930 par les Français durant le protectorat, représente la présence catholique européenne dans la ville. Si elle n’est plus en activité religieuse aujourd’hui, elle reste un repère architectural majeur. Son alliance de modernité et de spiritualité en fait un témoin exceptionnel de l’époque coloniale, souvent utilisé pour des événements culturels.
Ces trois lieux incarnent à merveille l’âme cosmopolite de Casablanca, où coexistent depuis des siècles croyances, cultures et esthétiques diverses.

La Villa des Arts, un musée caché au cœur de la ville
La Villa des Arts (1934), située rue Brahim Roudani dans le quartier Gautier, est l’un des trésors les plus discrets de Casablanca. Ancienne demeure de style art déco, elle a été transformée en musée d’art contemporain, tout en conservant le charme architectural des années 30. Derrière sa façade élégante, elle abrite des expositions souvent méconnues, mettant en lumière des artistes marocains modernes et contemporains. Peintures, sculptures, installations et performances y dialoguent dans un cadre intime, loin du tumulte des grands circuits touristiques.
Ce qui rend ce lieu encore plus unique, c’est son jardin intérieur caché : un espace verdoyant et paisible, véritable oasis de tranquillité au cœur de la ville. Peu de visiteurs savent qu’en poussant les portes de la Villa des Arts, ils accèdent à un havre propice à la contemplation, à la réflexion et à la découverte d’une scène artistique marocaine vibrante mais souvent sous-représentée.
Les Villas des Arts ont été conçues comme des espaces de création, de rencontre et de diffusion, avec pour mission de valoriser le patrimoine artistique marocain et de le rendre accessible au plus grand nombre. Chaque visite devient une promenade sensorielle, où l’on peut aussi bien tomber sur une installation audacieuse qu’assister à un spectacle, échanger avec un artiste ou découvrir de jeunes talents. Véritable carrefour d’idées et de cultures, la Villa des Arts de Casablanca illustre la vitalité de la scène artistique nationale dans toute sa diversité.

Le Cinéma Rialto : l’âge d’or du cinéma
L’Ancien Cinéma Rialto (1930), situé rue Mohammed El-Qorri dans le Centre-Ville de Casablanca non loin du parc de la Ligue Arabe, est l’un des vestiges les plus saisissants du Casa des années 30. Véritable joyau de l’architecture art déco, ce cinéma fut autrefois un lieu de prestige où la haute société casablancaise venait découvrir les dernières productions cinématographiques dans un décor raffiné. Bien qu’aujourd’hui abandonné et fermé au public, l’édifice conserve encore sa structure d’origine, avec ses fresques murales, ses balcons en fer forgé et son imposante façade courbée qui témoignent de son ancien éclat.
Malgré son abandon, le Rialto conserve des détails architecturaux exceptionnels : une façade géométrique typique de l’art déco, avec ses lignes épurées et ses motifs stylisés, un hall d’entrée orné de fresques murales à peine effacées par le temps, de délicats balcons en fer forgé qui surplombaient la salle de projection et une scène où se produisaient parfois des orchestres avant les séances.
Entre décrépitude poétique et élégance persistante, le Rialto offre une fascinante plongée dans le patrimoine cinématographique de Casablanca, tout en rappelant que certains lieux, même abandonnés, continuent de raconter des histoires à qui sait les regarder.
Embarquez pour Casablanca !
Au-delà de son image de métropole trépidante et industrielle, Casablanca se révèle être un véritable coffre aux trésors pour qui sait prendre le temps de l’explorer. Elle offre une expérience urbaine authentique, à mi-chemin entre mémoire et création, qui ravit les voyageurs en quête d’authenticité. Alors oui, visiter Casablanca en vaut amplement la peine, à condition d’accepter de se perdre dans ses ruelles, de pousser des portes discrètes et de laisser la ville vous surprendre. Car c’est précisément dans ces rencontres inattendues, ces lieux qui résistent au temps et ces instants de grâce urbaine que se cache le véritable esprit de la « Maison Blanche », bien loin des clichés.
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